La garde-robe, les accessoires
Nous avons, dans le cadre de l'ouvrage de Bernard Besson sur GéGé, tenté de reconstituer la garde-robe de Dolly, en nous basant sur les références trouvées sur les catalogues et sur les boîtes des toilettes. S'il est bien certain que le numéro 1920 correspond aux trousseaux de Dolly, les autres numéros posent de fréquents problèmes d'interprétation. Par exemple, le nom « Boul'Mich' » renvoie à trois numéros (1920-02, 1920.08 et 1920.61) et les tenues concernées n'ont rien à voir entre elles. Nous sommes ainsi parvenus à répertorier plus de 110 toilettes et nous estimons qu'il nous en manque encore une cinquantaine. Ramenée à la durée de vie de Dolly, qui ne s'étale que de 1968 à 1979, une production si abondante et imaginative est remarquable.
Tout comme Mily, Dolly fut merveilleusement habillée par Juliette Giroud. La variété, l'inventivité, le modernisme, l'audace, le bon goût de sa garde-robe laissent rêveur. Au panthéon de la haute couture française, Juliette Giroud figure parmi les plus grandes créatrices de notre histoire. On a peine à croire qu'il s'agisse de jouets tant les idées sont nombreuses et variées.
Plusieurs toilettes de Mily se retrouvaient chez Dolly, mais cette dernière bénéficia de nombreuses exclusivités. Leur identification est assez facile, puisque l'une des pièces de chaque costume portait toujours l'étiquette « GéGé haute couture ».
On peut distinguer deux grandes périodes dans les habillages : tout simplement, une époque plutôt « 60 » et une davantage « 70 ». Ces deux époques sont à la pointe des tendances les plus jeunes de la mode.
La première époque, très « Demoiselles de Rochefort » (le film de Jacques Demy qui sortit en 1966), fut principalement composée de jupes et de manteaux courts et de pantalons cintrés. On y retrouve l'esprit de la garde-robe de Mily, d'un chic irréprochable et primesautier. C'étaient l'imperméable en skaï gaufré « Giboulée » (1920-03), avec son chapeau, son sac à main et ses cuissardes ; « Printanier » (1920-13), manteau de feutre rose bonbon, jaune canari ou bleu électrique, avec son bob assorti ; l'audacieuse robe tricotée courte « Comète » (1920-14), portée avec des cuissardes et des collants ; « Idole » (1920.17), robe trapèze courte, rayée, avec la guitare, indispensable instrument yé-yé ; la veste bordée de fourrure « Alaska » (1920-09), portée avec un pantalon à fuseau et des bottes ; la robe courte à manches longues « Matinée » (1920-01), pourvue d'une poche, avec un col blanc et une fermeture éclair ; « Croisette », (1920-07), qui fut produite dans de nombreux tissus ; d'inspiration Mao, elle joignait un bob, une veste longue et un pantalon cintré. « Averse » (1920-06) était un imperméable léger, avec ceinture et foulard. Enfin, « Baïkal » (1920-28) était un manteau imitant le léopard avec toque assortie ; sous le nom « Frileuse » (1920-29), il fut également édité en blanc.
Dans la deuxième époque, tout à fait « seventies », le mini et le maxi se mélangèrent volontiers et le maxi tendit à l'emporter. Les pattes d'éléphant prirent le dessus, avec les imprimés psychédéliques et la peluche. Ce furent « Falbalas » (1920-03), robe ample et longue, à volants, aux couleurs acidulées, avec des manches gigot volantées ; « Patchwork » (1920-15), robe longue en imprimé imitant le patchwork, avec un volant froncé ; « Mini-maxi » (1920-36), qui superposait audacieusement une minijupe à une longue cape à capuche ; « Espiègle » (1920-48), avec un béret, mêlait une robe chasuble courte à un short, d'après une idée de la styliste Jacqueline Jacobson. « Lido » (1920-54), recourait à un imprimé acidulé pour une robe pantalon à volants et une longue écharpe. « Orly » (1920-50), manteau de laine à large col, imitait Chanel. La peluche fut notamment exploitée dans « Hit-Parade » (1920-66), sur un pantalon à pattes d'éléphant imitant le jean. Nous remarquons la mise en oeuvre fréquente de simili cuir et de laine ; il y eut aussi de la peau véritable (« Op daim », 1920-46). Dolly n'eut qu'une seule robe de mariée, « Cérémonie » (1920-04), de style Empire, à broderie anglaises (de très nombreuses sortes de broderies existaient). Comme Mily, Dolly ne se maria qu'une fois, et pour la vie : GéGé avait des valeurs. Ses robes du soir (nous en avons répertorié une dizaine) paraissaient plus gracieuses et fraîches que glamoureuses ; en revanche, la tenue « Opéra » (1920-11), une chasuble sur une combinaison à manches courtes et à pattes d'éléphants, utilisait un lamé or du plus bel effet ; des variantes furent trouvées, remplaçant le pantalon par une robe longue droite, dans des tons bleus et argent. Très intéressante aussi, et griffonnée sur la nappe en papier d'un restaurant par Juliette Giroud, la tenue « Kalinka » (1920-38), venait de l'Est : un pantalon bleu roi, de satin, tombait en bouffant sur des bottes ; sur un sous-pull blanc, glissait une longue chasuble richement brodée. La tenue « Frivolité » (1920-31) était exquise : soutien-gorge, slip, jupon de dentelle, le tout brodé de fleurs, collants blancs et chaussons duvetés. Mentionnons enfin une tenue d'hôtesse de l'air, « Air-Hôtesse » (1920-95), qui correspondit au thème du voyage accompagnant le lancement de Gilles, Eric et Aloa. Dans certaines tenues, se glissaient quelques colifichets, ludiques et jolis, semblables à ceux utilisés par Mily : téléphone, lunettes de soleil, ceintures, sacs à main, peignes et brosses, collants, rubans, imitation de vaporisateurs et de pots de crèmes, écharpes, étaient répartis dans les coffrets, plus fréquents au début de la production qu'à la fin.
Il faut signaler en outre que, parmi les meubles de poupées que vendit GéGé, certains pouvaient parfaitement convenir à la taille de Dolly, notamment un bureau d'écolier et un lit à monter. La poupée figure ainsi en situation, sur certains catalogues.